Avant de commencer cet article, je tiens à préciser que le but n’est pas d’être pour ou contre le système de retraite français. Le but est juste d’être factuel et de vous expliquer pourquoi l’équilibre fragile de ce modèle est en train de se briser. Vous vous en doutez, j’aimerais avoir tort. Mais au vu de nombreuses raisons listées ci-dessous, notre système de pension risque de disparaître plus vite qu’on ne le pense.
Comment fonctionne le système de retraite français ?
Le système de retraite français s’appuie sur le principe de la répartition. C’est-à-dire que les cotisations versées par les actifs servent à financer les pensions des retraités. Oui vous l’avez compris, comme une bonne vieille pyramide de Ponzi. Les nouveaux entrants payent les plus anciens. Donc quand il n’y a plus assez de nouveaux entrants : la pyramide s’écroule.
Pourquoi le système par répartition est en grand danger ?
Ce système par répartition est menacé par plusieurs facteurs. Mais globalement, ces différents facteurs mènent à une chose : La diminution du nombre d’actifs par retraité.
En 1950, il y avait 4 actifs pour 1 retraité. Aujourd’hui, il y a 1,7 actifs pour 1 retraité. Et ce chiffre diminue d’année en année.
Le vieillissement de la population
Tout d’abord, le vieillissement de la population entraîne une augmentation du nombre de retraités et une réduction du nombre d’actifs cotisants. En conséquence, le ratio entre ces deux populations diminue, ce qui met en péril l’équilibre financier du système.
De plus, l’espérance de vie a considérablement augmenté ces dernières décennies, ce qui allonge la durée de versement des pensions.
La natalité trop basse
La France a le meilleur taux de natalité en Europe. En effet, les contribuables sont incités à avoir plus d’enfants (aides, parts d’impôt sur le revenu supplémentaire, etc.).
Malgré ces incitations de l’État, la natalité dans les pays développés a diminué ces dernières décennies. La plupart des couples préfèrent avoir un, deux ou trois enfants, plutôt que des très grandes familles comme c’était le cas auparavant.
Et comme on l’a vu, s’il n’y a pas assez de nouveaux membres pour financer la retraite de ceux qui était là avant, la pyramide s’effondre.
Les caisses de retraite et régimes complémentaires sont en déficit
Ce n’est plus un secret : La sécurité-sociale est en déficit depuis très longtemps. Mais le régime général et les régimes de retraite complémentaire aussi.
Les régimes de retraite sont multiples et complexes, avec des régimes de base et complémentaires, des régimes spéciaux pour certains secteurs d’activité, des caisses de retraite gérées par les partenaires sociaux et des systèmes de retraite par capitalisation.
Certains de ces régimes sont en déficit, comme notamment les régimes complémentaires Agirc-Arrco pour les salariés du privé.
L’augmentation des aides sociales
Vous avez forcément déjà entendu des gens qui gagnaient plus en touchant le chômage et des aides, plutôt qu’en allant travailler. Ça a d’ailleurs été mon cas lors de mes premières années de travail, où j’aurais gagné plus en restant chez moi plutôt qu’avec mon job de vendeur en magasin. Personnellement, j’avais le choix parce que je vivais chez mes parents. Donc je préférais travailler. Mais une personne qui a des enfants à charge et un loyer ou crédit à payer sera plus tenté de toucher le chômage et des aides, plutôt qu’avoir un salaire plus bas et des frais de carburant ! Ce qui est logique.
Le système est mal fait et n’incite pas à travailler. Du coup, les personnes qui touchent l’assurance chômage ne cotisent pas. Et le chômage de masse fait augmenter les charges sociales.
L’assurance chômage est une très bonne chose, car ça permet d’être en sécurité lorsqu’on perd notre emploi. Mais en donnant trop d’allocation chômage, on augmente logiquement le chômage puisqu’il y a moins d’intérêt à travailler. Du coup, les travailleurs ont plus de cotisations sociales (on en parle juste après), ce qui fait baisser les salaires nets.
Les charges sociales déjà très élevées
Les prélèvements sociaux, comme la CSG, sont de plus en plus élevés et l’inflation réduit le pouvoir d’achat des salariés (salaires) et des retraités (pensions). Actuellement, quand une entreprise verse un salaire de 2 000€ net, elle doit payer entre 1 700 et 1 900€ de charges sociales.
Donc on ne peut pas encore augmenter le taux de cotisation. Car si on augmente les charges sociales, on augmente le chômage et/ou on diminue les salaires nets. La France n’a donc pas de marge de manœuvre à ce niveau, comme d’autres pays qui ont des cotisations moins élevées.
La difficulté de changer le système de retraite par répartition
La réforme des retraites est un sujet très sensible, qui a donné lieu à de nombreuses manifestations et grèves. C’est le cas à l’heure où j’écris ces lignes. L’allongement de la durée de cotisation nécessaire pour partir à la retraite à taux plein a été mal vécu par certains actifs, notamment ceux qui ont commencé à travailler très jeunes et ont des carrières discontinues. Les retraites complémentaires ont également été touchées par cette réforme, avec des mesures visant à réduire les déficits.
La conjoncture économique
Dans cette liste, c’est la seule chose qui pourrait changer rapidement. En effet, la conjoncture économique est plutôt mauvaise ces dernières années en raison :
- De la crise des subprimes (2008)
- Du COVID (2020)
- Et la guerre en Ukraine (2022)
Et la conjoncture économique actuelle, ainsi que les perspectives de croissance compliquent le financement des retraites.
Quelles sont les pistes de l’État pour sauver le système de retraite français ?
Pour résoudre ces problèmes, plusieurs pistes sont explorées, comme l’instauration d’un système de retraite universel qui remplacerait les régimes existants, la mise en place de comptes notionnels qui calculeraient les droits à la retraite en fonction des cotisations versées pendant la vie active, ou encore une meilleure prise en compte de la pénibilité des métiers.
Le conseil d’orientation des retraites (COR) est chargé d’analyser l’évolution démographique et économique pour proposer des orientations en vue de garantir l’équilibre financier des systèmes de retraite. Il reste à espérer que les partenaires sociaux et les pouvoirs publics trouveront des solutions pour préserver un système de retraite juste et équitable pour tous les Français.
Mais mathématiquement, le système de retraite français est voué à disparaître dans les prochaines années.
La réforme des retraites peut-elle sauver le système de retraite par répartition ?
À l’heure où j’écris cet article, le gouvernement souhaite passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Le gouvernement explique partout que c’est une réforme nécessaire pour sauver notre régime de retraite. Malheureusement, c’est faux. Reculer l’âge de départ à la retraite de 2 ans ne sera pas suffisant. Le problème, c’est qu’on ne peut pas mettre la retraite à 70 ans comme certains pays envisagent de le faire.
Mais alors que faire pour ne plus dépendre du système de retraite ?
Que faire pour avoir un bon niveau de vie à la retraite ?
Dans les prochains articles, nous allons voir ensemble :
- Comment avoir un bon niveau de vie avec une petite retraite (utile si vous êtes déjà retraité avec une petite pension)
- et Comment se créer sa propre retraite (utile si vous n’êtes pas encore à la retraite et que vous voulez vous créer une rente)
Ces articles permettront de rentrer en profondeur sur ces deux sujets cruciaux. On parlera de vrais sujets, et pas seulement des systèmes d’épargne-retraite comme le plan d’épargne retraite Madelin pour les non-salariés.
Car vous l’avez bien compris, prendre un contrat de retraite complémentaire privé pour compléter les pensions de base n’est pas suffisant. Ça vous permettra peut-être de survivre, mais pas de vivre dignement. On se retrouve donc sur les articles suivant.